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 Le Chevalier aux naguiris

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Roderick Conaire
La Lumière
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Roderick Conaire


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MessageSujet: Le Chevalier aux naguiris   Le Chevalier aux naguiris EmptyJeu 31 Oct - 21:33


Ces écrits se passent au ven 390, à la période où le Roi Sorcier Argan s'est fait exécuter.

En espérant que vous soyez touchés par la grâce de la sagesse en lisant ces lignes.

Tout commença donc au ven 390. Et n'allez pas vous imaginer que ceci est un compte, une histoire inventée du début à la fin. Non, cette histoire est mon histoire. La fin d'une vie et le début d'une autre. J'étais en train de manger des œufs et des légumes lorsqu'un ami est venu me voir. Celui-ci semblait bouleversé. Intrigué, je lui demandé ce qui se passait. Il m'expliqua d'un vocabulaire rendu maladroit par le choc qu'Argan, notre roi bien aimé et mon ami de longue date, avait ôté la vie à plusieurs de ses sujets.

La cité de Lorde-Gian était sans dessus-dessous, et un vent de panique affolait le peuple. La population s'était mise en tête que les sorciers étaient des êtres malfaisants et que, menés par le roi sorcier, ils voulaient répandre malheurs et chaos en Eleris. Étonné et tout aussi choqué, je laissai mon troupeau sous la bonne garde de Mouton, mon fidèle familier, et rejoignit au plus vite Lorde-Gian. Ce que je découvris là-bas me stupéfia. Ébahi, je ne pouvais que me demander comment on pouvait devenir si stupide en si peu de temps.

Mais je me souviens avant tout de mon inquiétude. Je ne comprenais pas ce qui aurait pu pousser Argan à tuer des innocents. Notre roi sorcier était bon, et il aimait profondément son peuple. Aussi je m'étais rendu à la prison où il attendait son exécution. Un chevalier sortit des geôles juste avant que j'entre. Je n'avais pas fait gaffe à son identité, seul Argan m'importait.

Les gardes m'ont laissé entrer en me lançant un regard méfiant. J'étais un sorcier connu. J'ai supposé qu'ils avaient peur de mes pouvoirs "maléfiques". Je suis entré dans le cachot et je l'ai vu. Il semblait avoir vieilli d'une centaine de vens depuis la dernière fois que je l'avais vu. Ses chaines et sa fatigue me firent beaucoup de peine, je m'en souviens. C'est avec un pincement au cœur que je me suis agenouillé devant celui que je considérais toujours comme mon souverain.

Ma révérence le fit grimacer, et il me fit aussitôt signe de me relever, ce que je fis. Je ne posai nulle question et restai aussi calme que mes émotions me le permettaient. Je m'assis à ses côtés tandis qu'il me saluait. Je me souviens encore de ses paroles, et de sa voix pleine de bienveillance à mon égard. Il semblait résigné par son sort, ce qui me fit grande peine.

« Roderick, mon vieil ami… » m'avait-il dit en guise de salut. « Je suis content que tu sois là, je voulais te voir justement. »

Je ne répondis rien, mis-à-part un mouvement de la tête. Un hochement respectueux car j'étais content qu'un roi veuille me voir avant de décéder et pour l'inviter à me dévoiler ce qu'il souhaiter me dire.

« Tu es l'un de mes plus vieux chevaliers », me fit-il.

Je répondis d'un simple sourire. En effet, j'étais tellement vieux que je m'étais retiré de la vie de chevalier, attendant de mourir au milieu de mes naguiris dans mon hameau.

« Pourtant tu sembles assez en forme pour ne souffrir d'aucun maux. »

« Il est vrai que je suis en meilleure forme que vous, Mon Seigneur. »
C'est ce que je lui avais répondu en un rire léger. « Je ne souffre pas encore de rhumatisme mais mes gestes sont plus lents et perdent de leur vigueurs. Bientôt Eskat m'emportera et je m'endormirais pour l'éternité. »

« Quel pessimiste tu fais. Je te verrais bien vivre jusqu'à 350 vens si ce n'est plus. »


Bien évidemment je n'étais pas d'accord, je me contentai de secouer la tête avec un sourire peu convaincu.

« Tu n'es pas bavard aujourd'hui, Roderick. Est-ce mon exécution qui t'inquiète autant ? »

C'est alors que je lui fis part de mes inquiétudes. Pourquoi l'accusait-on d'avoir tué des innocents ? Etait-ce un piège ? Son pouvoir avait-il échappé à son contrôle ? Et pourquoi accusait-on les sorciers d'être maléfiques ? La magie est un outil, est non une entité. Que l'on soit sorcier, mage ou enchanteur c'est ce qu'on fait de ses pouvoirs et non les pouvoirs eux-mêmes qui déterminent si on est bon ou mauvais.

Avec patience Argan m'expliqua toute l'affaire. Je ne pus m'empêcher, à ce moment-là, de penser que ce qu'il me disait il devrait le dire à tous ceux qui tenaient à lui. Car toutes ces personnes viendraient lui demander des explications. Il me dévoila la traîtrise d'Orün et comment ce dernier avait manipulé le peuple. Maudit soit l'âme de ce félon ! Je lui souhaite d'errer à jamais en ce monde ! Et bénis soit celui qui lui a ôté la vie. Hélas, je trouve ce châtiment trop doux pour ce qu'il a fait.

Ce qui est fait est fait. Nous ne pouvons revenir dans le passé. Argan m'expliqua son idée. Il souhaitait créer d'immortels chevaliers. Il avait décidé de donner invisibilité et immortalité à ses plus fidèles chevaliers et de leur confier une mission : venger sa mort et faire justice partout dans le monde. Ceci était son ultime acte. Un acte de vengeance. La vengeance ne me plait guère. La vengeance est créée par la colère et la haine. Hors tous savent que la haine ne mène qu'à la haine.

Cependant je ne pouvais refuser la dernière volonté de mon roi et ami. Je le prévins cependant que c'était un cadeau dangereux, que certains pourraient penser qu'ils ont le droit de vie ou de mort sur tous êtres vivants. C'était un don à rendre fou. Cette mission devait être traitée avec intelligence et sagesse pour éviter abus et méprises. Il fallait juger les criminels avec justesse, et non en tuant tous ceux qui volaient une pomme ou tuaient un assassin déguisé en mendiant.

Mes paroles firent sourires mon souverain, et son sourire me fit bégayer. Je ne comprenais pas ce qu'il y avait d'amusant dans mon appel à la sagesse. Je finis par m'agacer et lui demandai de justifier ce sourire niais. C'est alors qu'il se mit à rire et me demanda de ne pas m'énerver. Je m'excusai et attendis ses explications.

« Je le sais, Roderick. C'est pourquoi j'ai décidé de nommer un chef et un sage. Il y aura cinq chevaliers plus importants que les autres parmi vous. L'un sera votre meneur. Les autres auront des taches précises à accomplir. Roderick, j'ai décidé que tu seras la Lumière des chevaliers d'Argan. »

J'ouvris la bouche, confus par un tel honneur. D'un geste amical, Argan m'invita au silence.

« Tu seras chargé de les guides dans les ténèbres de la haine tout en obéissant à la Main d'Argan. Tu garderas avec moi un lien unique, un lien qui ira par-delà Eskat en personne. Tu es le plus sage de mes chevaliers. Je t'en prie, ne refuse pas. »

Très touché j'acceptai, la larme à l'œil. C'est alors qu'Argan me fit boire son sang, rituel indispensable pour recevoir son don. Rituel étrange et écœurant. J'espère ne plus jamais avoir à boire du sang, peu importe à quelle créature il appartient. Je ne puis m'empêcher de me demander si boire son sang était vraiment nécessaire. Il était un sorcier puissant, alors pourquoi ne pas se contenter d'incantations ?

Je ne le saurais jamais. Une fois le rituel achevé je quittai sa cellule. Par la suite, déguisé en simple mendiant, j'ai assisté à son supplice. Je crois qu'il m'a vu. J'espère que je lui ai donné le courage nécessaire pour faire face à Eskat. J'ai prié pour lui, durant tout son supplice et même après. J'aurais voulu récupérer quelques-unes de ses affaires : sa broche préférée, son épée…

Je pense que quelques serviteurs, qu'ils soient chevaliers d'Argan ou non, ont récupéré lesdites affaires. En tout cas son arme se situe désormais en notre cité secrète. Je ne sais comment elle est parvenue jusque-là et je n'en ai cure. Il nous reste un objet à lui. Au fils des vens cet objet deviendra certainement sacré. Si les larmes de Nyro pouvaient sacrer un objet, il le serait déjà.

Mais revenons à mon récit. Une fois qu'Argan fut exécuté, j'ai aidé quelques sorciers à quitter Lorde-Gian avant qu'un sot décide de les faire bruler, tous. Parmi ces sorciers que j'ai aidés, mes enfants. Jean-Argan et Morgane. Que Liv les garde. Ils me manquent déjà. Les chairs de ma chair, les bébés de ma Nessa. Aujourd'hui ils me croient morts, et je ne pourrais plus que les voir de loin.

Alors que je venais de faire sortir discrètement de jeunes sorciers, un garde m’interpella. J'étais accusé d'avoir trahi Lorde-Gian en aidant des rebelles sorciers à s'enfuir. Ils m'accusaient aussi de ne pas me plier aux lois interdisant la sorcellerie et m'ordonnèrent de les suivre jusqu'au cachot le plus proche. Je pris la fuite, ne souhaitant pas finir comme Argan.

En courant dans les rues de Lorde-Gian, évitant les gardes de mon mieux et ayant oublié que je pouvais me rendre invisible, j'eus cette pensée qui me hante depuis : qu'arriverait-il si un chevalier d'Argan se faisait trancher la tête ou jeter au bûcher ? Notre roi sorcier nous a donné l'immortel. Par cela veut-il dire qu'on ne peut mourir ou que notre vie peut être infiniment longue si personne n'y met fin ?

Je n'ai pas très envie d'avoir la réponse à cette question. Je n'aime pas l'idée d'être invulnérable, mais j'apprécie tout aussi peu celle de perdre l'un des nôtres. Tantôt, je me retrouvai coincé au port. La marée était haute et des bateaux étaient à quais. C'est alors que la mémoire me revint : je pouvais aussi devenir invisible. Quelle piètre capacité par rapport aux exploits dont j'étais capable avant.

Au détour d'un navire marchand, je me rendis invisible et jetai une grosse caisse à la mer. Il me fallut la faire glisser, et celle-ci mis une éternité à couler. Elle disparut juste à temps pour que les gardes pensent que c'était moi qui coulai. Persuadée de ma mort, ils me cherchèrent tout de même dans les bateaux et firent surveiller les bords de mer pendant plusieurs lums. En vain.

Aussitôt que je fus devenu invisible, je quittai Lorde-Gian en me cachant derrière caisses et murs. Maintenant je me trouve bien stupide : quelle idée de se cacher lorsqu'on est invisible ! Une fois hors de la cité, je récupérai mon troupeau et me rendis au sud-ouest. Après quelques lums de route, je découvris la cité cachée qu'Argan nous avait légué.

Je dirais point comment l'on fait pour accéder à cet endroit, de peur que ces écrits quittent ce lieu secret et se retrouve en des mains ennemies. J'en ai déjà que trop écrit. Mon troupeau attendant patiemment mon retour à l'extérieur, j'assistai à la première réunion des chevaliers d'Argan. Je ne pouvais m'empêcher de plaindre le Vengeur et son cœur ensanglanté.

Le roi sorcier avait choisis avec merveille ses phalanges dorées et sa Main d'Argan. Une amante en deuil en guise de Vengeur, et le plus charismatique d'entre nous comme chef. Le Bourreau et le ? étaient tout aussi bien sélectionné. Personne d'autre n'aurait pu tenir si bien ces rôles. En toute humilité, j'avoue d'ailleurs être le seul à qui le rang de Lumière aurait pu aller avec tant de perfection.

Aujourd'hui nous vivons en solitaire. Nous ne sommes pas des plus nombreux, et il n'y a qu'n nous divisant que l'on peut couvrir la surface malade de ce monde. Mais je crains les conséquences. Nous sommes tous sans exception des créatures sociales, il nous faut un partenaire pour ne point sombrer dans la démence. Moi-même je vis avec mon familier et mes naguiris, mais cette seule compagnie pourrait suffire à me rendre fou.

Je crains avant tout pour les plus instables d'entre nous. Ceux qui ont le plus soufferts de la disparition d'Argan. La douleur n'est pas une bonne conseillère. Qui sait en ce moment même quels actes horribles les chevaliers d'Argan sont en train de commettre au nom de la justice ?

C'est sur mes vieilles épaules que repose la nécessité de les raisonner tous. Cette tache me semble si difficile. Presque impossible. Il faudrait que les plus sages côtoient sans cesse les plus violents. Hors les sages sont peu nombreux. Aussi à chaque réunion je tente discrètement de les faire réfléchir, de leur inculquer sagesse et ruse pour mener à bien leur quête. Il me faut aussi soigner les cœurs blessés pour empêcher le moindre débordement.

Dites-moi, cher lecteur… Comment un vieil homme épris de ses naguiris peut-il rendre tout un groupe de chevaliers plus sages ? Quel prix nous coûtera notre serment à Argan ? Comment une minorité peut-elle soigner les maux d'un monde entier ? En quoi sommes-nous différents aux autres peuples pour nous permettre de leur dire ce qui est bien ou mal ? Mes questions sont-elles soufflées par la vieillesse ?

Argan, quelle folie t'as possédée quand tu as décidé
de nous confier cette mission ?

R. Conaire, Lumière des chevaliers d'Argan.
Que Liv nous garde. Que Dieu ait pitié que nos âmes.
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