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 Un vestige du passé

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Vassili Datrachov
Lieutenant de Lorde-Gian
Vassili Datrachov


Localisation : La Sotnia, Lorde-Gian, Collines du Nord
Messages : 208

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MessageSujet: Un vestige du passé   Un vestige du passé EmptyMer 22 Mai - 17:21

« - Éteignez cette saloperie, général. »

Le général Datrachov ôta sa pipe de sa bouche sans rien dire et fit tomber la cendre dans un cendrier en fer blanc. Face à lui se tenait un homme debout. Entre eux se trouvait une table dépourvue de tout objet, excepté le cendrier. Les deux hommes étaient éclairés par une unique lampe accrochée au plafond, projetant une lumière blafarde sur le deux officiers supérieurs. Le reste de la pièce était plongé dans l'obscurité. Le personnage qui se tenait debout était l'amiral Makarov, chef de l'état-major de l'armée de la fédération de Russie. Il portait un uniforme d'officier d'état major russe classique. C'était un homme très âgé, qui s'était battu contre les nazis à Stalingrad il y a plus d'un demi-siècle. Une cicatrice sur son visage épais en témoignait. Sous son nez droit poussait une moustache en croc blanche comme la neige. Son crâne couvert de veines était entièrement rasé. Vassili, quant à lui, portait un uniforme traditionnel cosaque : un long manteau brun orné de médailles, et avait posé sa toque en fourrure sur ses genoux. Sa tenue, alliée à sa barbe, ses cheveux noirs ainsi qu'à ses yeux bleus, donnait l'impression qu'il sortait tout droit d'un livre de contes et légendes russes. Derrière le sibérien se trouvait une porte gardée par deux soldats cagoulés, il ne pouvait les voir mais il les savait présents. A surveiller l'interrogatoire.

« - Pourquoi, général Datrachov ? Pourquoi ? Je veux des explications. Maintenant. » Ordonna Makarov l'air plus que contrarié.
« - Parce que c'était mon devoir. » Répondit stoïquement Vassili.
« - Votre devoir est d'obéir aux ordres. En retirant votre escadron vous avez désobéit. »
« - Amiral, cette ville était encore pleine de civils et les radars n'indiquaient aucune présence ennemie. »
« - Nos ennemis se cachent parmi les civils, général. Nos ennemis sont ces civils ! » Cria Makarov en frappant du poing sur la table, ses sourcils se froncèrent et les veines sur son crâne gonflèrent. L'amiral n'avait jamais aimé le général Datrachov, ni lui ni sa façon de commander. Selon Makarov un tel individu n'avait rien à faire dans le haut commandement de l'armée.« Pratiquement tous transportent ou bien cachent des armes chez eux. La procédure est la suivante : intervenir sur chaque point jugé suspect par l’état-major ! »
« - Abattre toute la population d'une ville ne constitue pas une intervention à mes yeux, amiral. J'ai toujours obéit aux ordres mais dans cette situ... »
« - Vous avez tourné les talons, général ! Vous êtes un lâche doublé d'un incapable. C'est à cause d'imbéciles de votre espèce que cette guerre s'enlise en Tchétchénie ! »

L'espace d'un instant Vassili se souvint de son dialogue d'il y a quelques jours avec cette journaliste française. Une femme superbe. Il lui avait tout dit à propos des abominations du conflit  en Tchétchénie. Il en avait assez de cette guerre indigne. Assez de cette armée en pleine déchéance. Le cosaque se leva abruptement, dominant Makarov d'une tête. Cependant le vétéran ne cilla pas.

« - Sauf votre respect, amiral, tout ceci n'a rien d'une guerre. C'est un massacre. Nous ne valons pas mieux que les nazis là-dessus. Une guerre est un conflit entre deux nations, deux peuples. Il s'agit d'un art. Nous nous devons de combattre avec honneur et respecter ses règles ! Abattre des civils est intolérable pour tout bon soldat ! Pour n'importe quelle être humain ! »

L'amiral Makarov émit un rire désagréable doublé d'une quinte de toux. Le genre de rire que seul un vieillard est capable d'émettre.

« - Vous êtes ridicule, général. Un véritable vestige du passé. Non mais, regardez-vous. » Dit-il en désignant l'uniforme de Vassili. « J'ai vécu plus longtemps que vous, j'ai connu plus de guerres cependant je me suis toujours adapté aux conflits et j'ai toujours obéit aux ordres. Quant à vous c'est une autre affaire ! Haha ! Vous vivez deux siècles en retard, général Datrachov ! Vous et votre peuple n'êtes qu'un vestige du passé. Vous serviez les Tsars ? Le dernier est mort en 1917. Vous êtes dépassé, vos idéaux sont vains, vous croyez en un type de guerre qui n'existe plus. Qu'espériez vous ? Pouvoir charger sur un cheval l'épée à la main afin de perpétuer une tradition ancestrale ? Vous êtes pitoyable. Vous vivez dans le passé. Dans un monde fantastique. » L'amiral lissa sa moustache et reprit son calme.

« - Maintenant rasseyez-vous général. » Le cosaque humilié obéit, tout en fixant la table. « Mettez-vous bien ça dans le crâne, Vassili » Murmura Makarov en se penchant vers son interlocuteur. Le cosaque avait bien prit en note qu'il avait été appelé par son prénom, il n'y avait donc plus aucun respect de la part de ce vieillard décati. « Vous n'avez pas à penser, juste à obéir aux ordres. Votre vision de la guerre est dépassée, elle n'existe plus. Adaptez-vous et obéissez sans poser de questions ou vous aurez des très gros ennuis, croyez-moi. Vous pourrez peut-être même avoir l'honneur de rejoindre votre Tsar. »
Le sibérien ne répondit pas. « Maintenant, foutez-moi le camp. » Ordonna l'amiral après un court silence, il agita la main vers la porte derrière Vassili. Le cosaque se leva et mit sa toque, après quoi il tourna les talons sans saluer son supérieur. Un soldat ouvrit la porte et le général Datrachov sortit.

« C'en est trop » Pensa Vassili tout en cheminant dans les couloirs garnis de soldats. « Je n'ai plus ma place parmi ces chiens sans honneur. Cependant j'ai passé ma vie dans l'armée. Que faire maintenant ? Si je déserte je déshonorerai mes ancêtres... Non, ils n'auraient jamais accepté de se battre aux côtés de mécréants tels qu'eux ! Je dois donc partir. Ce ne serait pas de la traîtrise. Mais où aller ? Isabelle ! Elle seule peut m'aider désormais... » Sa main vint se fermer sur sa pipe au fond de sa poche.
« Pardon Père, mais ni cette armée ni cette époque ne semblent être faits pour moi. »
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